2024
"La marque du temps n'effraye que les visages impassibles."
La beauté est depuis toujours la quête d'un Graal, la recherche d'une reconnaissance, voire d'une idolâtrie qui nous pousse à voir autre chose que la simple réalité. Les contours de ce qui est beau ou ne l'est pas restent pourtant flous. Un corps bien fait reflète-t-il la beauté de l'âme ? Sommes-nous condamnés à ne nous voir qu'à travers un filtre ? Le temps passe et notre seule préoccupation est de le retenir par tous les artifices. Aristote définit le temps comme étant en devenir, puisque la nature est constamment en mouvement, tout change perpétuellement. Le temps est donc le moteur de la vie.
Et si nous parvenions à entrevoir cette réalité ? Si j'aime autant la photographie, cela réside dans la possibilité de supprimer les filtres, de revenir à l'essentiel, d'entrevoir une autre possibilité. En Polynésie, le temps a fait son œuvre comme partout ailleurs. Les jeunes cherchent à quitter leur île vers des pays lointains ne pouvant se résoudre à cultiver leurs traditions sans participer à l'émulation du monde moderne.
Tout au long de la route, j'ai rencontré des personnes qui m'ont raconté leur histoire, leurs traditions, leur identité, car il s'agit bien de cela. Comment pouvons-nous nous décrire sans parler de ce qui nous a forgés, de l'histoire dans laquelle nous avons planté nos racines pour arriver ensuite à nous épanouir ? Les Polynésiens n'ont jamais renié leur identité et le clame avec force en arborant des tatouages qui racontent leur histoire. C'est leur façon de se reconnaître et de rendre hommage à leurs ancêtres. Cette culture est enseignée de génération en génération pour ne jamais oublier leurs origines et la force de leur union.
Un homme m'a dit un jour que la marque du temps n'effraye que les visages des hommes impassibles. En Polynésie, tout nous parle. La peau, le regard, le sourire... la vie s'écrit avec le temps et non contre lui. C'est peut-être ça accéder à la sagesse. Seuls les fous et les solitaires peuvent se permettre d'être eux-mêmes selon Bukowski. Peut-être qu'une brèche s'ouvre ailleurs dans un monde où les ancêtres vous tracent la voie et vieillir semble être la meilleure solution pour être entendu et compris dans l'amour et le respect des siens.
Culture maori - récit d'un voyage dans les atolls polynésiens