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VIRTUEL

Au p’tit matin, ils déferlent en rangs serrés.

Arrimée à mon écran, j’veux pas dériver.

Au saut du lit, déjà trop tard, 

le nez dans mon café, touchée coulée

La vague a déferlé.

C’est le flow des biens pensants connectés ;

 

La proie est mise à nu,

Dépouillée, dépecée, Jetée aux vautours de la rue ;

Derrière les barreaux virtuels de nos vies,

En pointillés numériques,

On devient vite accro à la critique.

 

L’anonymat en guise de camouflage,

Sans bravoure ni courage ;

On existe tellement mieux

Quand on ne peut pas se regarder dans les yeux.

 

Un peu de patience,

Nul besoin d’éloquence

Dans le cercle des privilégiés,

Des avides de notoriété.

 

Ne te trompe pas sur le sens de mon propos,

Je parle bien des mots ciselés au couteau.

J’ai vu des paroles s’envoler

Et des mots rageurs s’acharner à écorcher

 

Suspendus au vide d’existences

Sans grande consistance

Sur l’échiquier de la vie, ils sont sans foi ni loi,

Ce sont les fous du roi.

 

Requiem presque fantastique,

Pour une mort cathodique

Annoncé, renoncé, dénoncé sans pudeur

Laisse filer ton étoile tu n’es qu’une vague lueur 

 

Alors quand la journée se termine,

Lassée de ce flow de mots, je me mets en sourdine.

L’écran est éteint,

Les mots sont restreints …

Jusqu’à demain matin.

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